TVA : la position de la CPIH

Une possible augmentation de la TVA fait frémir de nombreux professionnels de la restauration, dont les membres de la CPIH, qui affirment leur mécontentement à travers le courrier suivant : « Augmentation de la TVA… Le courrier de la colère ! Trop, c’est trop ! Après une saison touristique pour les professionnels des CHR qui va se révéler calamiteuse lorsque les derniers chiffres seront connus, voici que l’on agite à nouveau le spectre d’une augmentation du taux de la TVA. Alors nous disons : « C’est assez ! ». Si tel était le cas, si le gouvernement persistait dans ses intentions, qu’il sache qu’une telle mesure serait la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il faut que les pouvoirs publics sachent que nous ne nous laisserons pas traire comme une simple vache à lait, tondre la laine sur le dos tel un mouton, ou encore plumer comme une vulgaire volaille sans réagir. La profession est en effet au bord de l’asphyxie et ne supporterait pas un tel coup de Jarnac. Il faut aussi que le gouvernement cesse de présenter la baisse de la TVA comme un cadeau fiscal. C’est un mensonge que de dire cela, pire une forfaiture. En effet, dans le cadre du contrat d’avenir signé avec les prédécesseurs des actuels ministres en charge de l’économie et du tourisme et en contrepartie de la diminution du taux de 19,6 à 5,5 %, la profession s’est engagée à baisser ses prix aux consommateurs, à créer trente mille emplois, à accorder des avantages sociaux à ses salariés, tels que deux jours fériés supplémentaires et à créer une mutuelle santé pour les intéressés. Le gouvernement prétend qu’il s’agit là d’un cadeau. Si tel est le cas, nous prétendons alors l’avoir remboursé largement. Et puisque certains ministres ou parlementaires affectionnent les chiffres, ont-ils calculé ce qu’aurait coûté aux caisses de l’Etat les trente mille emplois créés qu’il aurait fallu prendre en charge s’ils étaient venus grossir les files d’attente à Pôle emploi ? Ont-ils également calculé les économies pour la sécurité sociale de la création par nos soins d’une mutuelle santé en faveur de nos employés ? L’arithmétique n’est ni de gauche, ni de droite et en ce domaine on ne peut être qu’objectif. Depuis que nous avons signé le contrat d’avenir nous avons fidèlement et scrupuleusement honoré nos engagements. Nous ne voudrions pas découvrir aujourd’hui que nous avons signé un marché de dupes et que nous serions les dindons de la farce, car alors nul doute que la grogne se ferait entendre dans nos rangs. Le gouvernement ne peut feindre d’ignorer que notre secteur d’activité, comme un très grand nombre d’autres aujourd’hui, souffre d’un important ralentissement économique en raison de la grave crise qui touche toute la zone Euro. Il ne peut pas davantage faire l’impasse sur les investissements importants auxquels nous sommes confrontés dans le cadre des nouvelles normes hôtelières et d’accessibilité pour les handicapés que nous impose la réglementation européenne et française. Il ne peut méconnaître davantage que nos établissements sont aussi victimes des difficultés que rencontrent les entreprises depuis plusieurs mois et qui se répercutent quotidiennement au niveau de la restauration commerciale dont les chiffres ont chuté de façon vertigineuse. A la CPIH, nos adhérents sont des PME et plus encore des Très Petites Entreprises souvent à caractère familial. Or celles-ci représentent l’immense majorité des établissements des CHR et notre rôle est essentiel dans l’aménagement et le dynamisme des territoires. Une augmentation du taux de la TVA, outre qu’elle ruinerait de nombreux établissements du secteur et augmenterait de façon importante le nombre de chômeurs dans ce pays, ne manquerait pas d’aggraver la désertification rurale où les cafés restaurants restent parmi les derniers lieux à pouvoir créer et maintenir un lien social dans les communes et les quartiers de nos villes. Enfin je voudrais demander solennellement à ceux qui nous gouvernent de cesser sans cesse de remettre en cause ce qu’ont fait leurs prédécesseurs, quels qu’ils soient. Que ce soit pour des raisons idéologiques ou autres. Nos entreprises ont besoin de stabilité car une bonne gestion se fait dans la durée et non dans la précipitation et l’urgence et il y en a assez de ces lois de finances rectificatives qui en permanence annulent des règles du jeu, hier reconnues et aujourd’hui obsolètes. Ainsi pour la défiscalisation des heures supplémentaires dont la première conséquence sera de réduire le pouvoir d’achat des salariés. Faire et défaire ne constitue pas une politique, pas plus que de détricoter des mesures sur lesquelles les partenaires sociaux s’étaient mis d’accord, souvent au prix de longues et laborieuses négociations. Alors, s’agissant de la TVA, nous disons « Attention ! » Il y a, ici comme ailleurs, des limites à ne pas franchir et le gouvernement ne gagnerait rien à exaspérer une profession qui joue un rôle essentiel dans l’industrie du tourisme, mais aussi comme créateur d’emplois et de richesses dans nos territoires. Nous préférons mettre en garde les pouvoirs publics pendant qu’il est encore temps. Qu’ils sachent qu’une augmentation de la TVA mettrait en péril de nombreuses entreprises de la restauration et leurs salariés et qu’une telle application ne manquerait pas de susciter un vent de fronde, pour ne pas dire de révolte, au sein de la profession comme c’est toujours le cas lorsque l’on a plus rien à perdre. »

Source : Le Magazine : Le Chef

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